« Que reste-t-il de nos amours, que reste-t-il de ces beaux jours,
un petit village, un vieux clocher, un paysage si bien caché,
et dans un nuage le cher visage de mon passé… » — Charles Trenet
« Je me suis retourné, mais tout avait changé! Au bout d’un petit moment, l’image dans la glace me fit un clin d’œil, et j’ai compris…
j’ai compris que c’était moi qui avais changé… » — Michel A. Di Iorio
Les COULIS de SAGESSE
Que reste-t-il…
Une réflexion signée Michel A. Di Iorio
Que reste-t-il, en effet? Les paroles de cette chanson enregistrée par Charles Trenet en 1943, et plus récemment par Claude Blanchard qui s’en servait comme chanson fétiche durant sa carrière, avaient pour effet de me plonger, sans grande surprise, dans les souvenirs nostalgiques de mon jeune temps. Un intime de la famille, M. Blanchard se prêtait parfois comme invité vedette lors de certaines fêtes familiales durant mon enfance. Cette fois-ci, la nostalgie me pousse à m’interroger sur les sources d’information disponibles sur les origines de notre famille, et les détails entourant notre trajectoire entrepreneuriale. Mis à part quelques vieilles photos, j’ai constaté qu’il ne restait que des pistes douteuses, la majorité des témoins ayant rejoint depuis longtemps les rangs de nos ancêtres, et je me suis mis à jongler…
Comme vous savez, je suis un boomer qui vit de sa plume; principalement en rédigeant et en traduisant les textes du français à l’anglais ou l’inverse pour une clientèle variée. La chanson signature à M. Blanchard me fit réaliser qu’une quantité importante d’information se faufilait entre nos doigts avec la disparition de nos anciens, et ce au détriment du patrimoine familial et collectif. Mais, il y a une bonne nouvelle dans tout ça; on peut éviter la perte inutile d’information vitale…
Les générations se suivent…
« Chaque génération est le reflet de l’époque qui l’a vue grandir¹ ». Si vous souhaitez mieux comprendre votre cheminement, ou l’historique des techniques et procédures qui ont marqué votre entreprise familiale, vous aurez avantage à jeter un petit coup d’œil sur les différences entre les générations, et particulièrement ce qui a marqué celle de vos géniteurs. Ces différences expliquent le pourquoi et le comment de plusieurs décisions et procédures.
Au bénéfice des millénaires, les boomers sont le fruit de la génération dite « silencieuse » (1925 – 1942), une génération plutôt austère, voire fataliste aux mœurs confuses. Elle avait comme qualités la loyauté et le sens du devoir. Bien que nos pères assumaient le rôle de pourvoyeur principal, plusieurs mères de notre génération troquaient le moule traditionnel de pilier de la famille au profit d’avantages liés à l’emploi rémunéré, tout en assumer les responsabilités d’une mère de famille (naissance du fonctionnement multitâche, dont les femmes sont des adeptes notoires).
Nos grands-parents et nos parents ont vécu en temps de dépression et de guerre. Le travail se faisait rare disponibilité de travail était intimement liée à l’effort de guerre et la disponibilité limitée d’une main-d’œuvre spécialisée. Parmi les caractéristiques ayant marqué leur génération, notons entre autres :
- Un acharnement au travail et le sens prononcé du devoir.
- La docilité face à l’autorité.
- Leur gratification venait de l’effort de travail fourni.
- Ils disposaient d’une grande loyauté envers l’entreprise et le patron.
- Ils étaient très sensibilisés à l’économie et à la prudence, surtout avec l’argent.
- Ils possédaient une connaissance plutôt limitée des technologies de l’information et des communications, et pour plusieurs d’entre eux, ça n’a pas beaucoup changé.
- Ils valorisaient la capacité de maîtriser un métier ou une habileté en particulier.
- Ils convoitaient une rémunération sous forme salariale, de meilleures conditions de travail, et des avantages sociaux avantageuses.
À l’opposé de la génération dite « silencieuse » (1925 – 1942), les baby-boomers (1943 à 1959) se sont démarqués par l’accomplissement lié au travail, plusieurs occupant plus d’un seul emploi pour y parvenir. Parmi les caractéristiques ayant les plus marqués notre génération, notons :
- Nous avions de nombreux choix de vie à notre portée.
- Nous avions des possibilités d’emplois exceptionnelles dès notre accession au marché du travail.
- Nous étions préoccupés par la fonte des valeurs familiales traditionnelles (malgré les nombreux divorces).
- La vie était centrée sur le travail et la valorisation sociale liée à nos carrières.
- Nous avions une attitude ambivalente vis-à-vis du respect de l’autorité et de la structure hiérarchique.
- Nous jouissions d’un sentiment d’appartenance à l’entreprise. Nos collaborateurs étaient considérés comme des membres de la famille.
- Bien que d’anciens idéalistes, nous avons gardé un pied sur terre, malgré un rapport ambigu avec les valeurs traditionnelles de nos parents.
- La notion d’un « emploi à vie » commençait déjà à s’estomper pour la classe moyenne.
- Nous sommes plutôt matérialistes.
- Même si nous sommes attachés à la famille, la majorité d’entre nous avons sabordés nos mariages.
- Nous avons été les instigateurs de réformes sociales et de rébellions qui nous ont démarqués, car nous voulions changer le monde.
- Nous avons créé des formations syndicales pour nous représenter dans la défense de nos droits.
- Notre génération fût déchirée entre la rébellion et le pouvoir.
- Nous sommes très nostalgiques.
Comment puis-je éviter ou limiter la perte d’informations vitales?
Voici, à la lumière de ces faits, une suggestion pour vous aider à limiter ou à éviter la perte inutile d’informations vitales au sujet de l’évolution de votre cheminement entrepreneurial, ou sur les valeurs, les techniques et procédures qui ont défini l’entreprise familiale, ou peut-être même celle que vous lèguerez un jour à vos descendants :
- Documentez le tout, ou à défaut de disposer de suffisamment de temps pour interviewer personnellement les anciens avant qu’ils disparaissent, embauchez un journaliste ou un rédacteur pour cueillir et agréger les éléments disparates (entrevues/témoignages, photos, documents, vidéos, copies d’annonces, etc.) en un document structuré et fluide qui atteint les objectifs qui s’imposent.
- Si les témoins/participants/instigateurs ne sont plus disponibles pour partager leurs connaissances avec vous, il faudra procéder sans leur apport.
Dans les deux cas, et bien qu’il s’agit d’un travail dit « de moines », l’omission de documenter convenablement les diverses étapes aura peut-être une incidence sur la valeur marchande éventuelle qui sera accordée lors de la cession ou de la vente éventuelle de l’entreprise à de nouveaux acquéreurs.
Même si vous n’êtes qu’au début de l’aventure entrepreneurial, et que l’exploitation de votre entreprise en est qu’à ses premières dents, la documentation régulière et méthodique est un incontournable. N’attendez pas qu’il soit trop tard!
À vous de jouer, maintenant!
Qu’en dites-vous?
Tout le monde a une histoire à raconter. Si vous désirez partager les opportunités qui ont marqué votre parcours, je vous invite à commenter au bas de ce billet, ou sur les réseaux sociaux, et il me fera plaisir de vous répondre. Je vous souhaite une bonne réflexion, des affaires prospères, et une abondance de poussières de bonheur!
N’hésitez pas à commenter la présente réflexion, et à partager ce lien avec vos amis et collègues.
Michel A. Di Iorio
Rédacteur en chef et fondateur de LA COULISSE
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N.B. L’utilisation du genre masculin a été adoptée afin de faciliter la lecture et n’a aucune intention discriminatoire.
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